Bonjour,
Cela fait une vingtaine d'années que je sais que mes hanches ne sont pas en forme. Personne n'en connaît la raison. Ma mamie paternelle, mon papa lui-même portent une prothèse de hanche, mais une seule et ils ont été opérés autour de leur 60 ans.
Le temps passe... J'ai la joie de me marier, d'accueillir deux enfants, et de divorcer en bons termes entre les deux opérations ! Je vis ma vie avec mes "hanches de mamie", pour reprendre l'expression de mon chirurgien, jusqu'à ce que ma hanche gauche devienne de plus en plus douloureuse, voire handicapante.
Nous sommes alors en 2020, j'ai 40 ans, lorsque je retourne consulter. La nouvelle est dure à digérer : l'opération est à prévoir. Je n'ai plus de cartilage. La douleur est présente jour et nuit. J'ai dû faire un planning de ménage à la maison car je ne peux plus nettoyer un étage à fond par exemple. Je ne peux plus randonner plus de 8 km, je ne peux plus faire de dénivelé, j'ai du mal à nager la brasse, j'ai du mal à rester debout sans bouger. Car après, je ne peux littéralement plus arquer, parfois, je ne peux même plus débrayer en voiture, je suis bloquée. Je ne peux tout simplement plus avancer... Et même, lorsque je me relève d'une chaise par exemple, j'ai la sensation que ma jambe se déboîte comme une poupée Barbie ! Je suis prof et j'ai déjà serré les fesses plus d'une fois en me relevant de mon bureau !
Donc oui, ça devient vraiment compliqué pour croquer la vie à pleines dents ! Sans parler de ma passion pour la zumba que j'ai dû cesser définitivement !
Je demande néanmoins le temps de m'y préparer, et surtout d'accepter la pose de cette prothèse, ce corps étranger. J'assiste à une réunion avec des kinés. Le Covid passe par là pour repousser deux fois la date d'opération et c'est finalement le 5 mars 2021 que je passe au bloc opératoire sous rachianesthésie pour recevoir ma première prothèse.
Je ne regrette nullement d'avoir choisi la rachianesthésie car j'avais besoin de vivre en pleine conscience cette métamorphose : dire au revoir à ma hanche foutue et bonjour à ma prothèse en titane avec une petite tête !
C'est magique, on sent tout, mais ça ne fait pas mal. Malgré une playlist musicale dans les oreilles, j'entends tout aussi !
ZZZZZZZ DOIIING BAM BING BANG BRAC BROOM !*
*(onomatopées où vous aurez reconnu les bruits des outils tels que le marteau et la scie !)
L'opération dure une heure environ. Arrivée dans la salle d'opération, je fais un malaise vagal aussi vite remonté par la super équipe médicale que j'étais dans les choux ! En l'espace d'une minute, c'était oublié ! C'était tellement sympa que je l'ai refait à la deuxième prothèse sous rachi également !
Lorsque l'infirmière annonce que c'est bientôt fini, je n'en reviens pas, je n'ai pas vu le temps passer ! Il faut dire que la rachianesthésie permet de discuter avec le chirurgien et l'équipe, même si je ne vous cache pas que mes réponses n'étaient pas très bavardes !
Au retour en salle de réveil, je suis bien, fraîche et dispose, avec juste l'appréhension que mes jambes ne se réveillent pas. Ca fait un drôle d'effet de ne pas parvenir à bouger ses orteils. Je me rappelle que pour la première opération, j'avais trouvé que c'était une éternité. Pour la deuxième, je ne me suis pas posée ces questions !
Une fois la sensibilité retrouvée dans les jambes, un brancardier me remonte dans ma chambre dans le service de chirurgie, où je serai levée en fin de journée. A chaque fois, j'ai passé une nuit à l'hôpital après l'opération, puisque la kiné passe le lendemain de l'opération.
Le lever se passe très bien, la mobilité est là, incroyable ! Je marche avec un déambulateur et passe dans la foulée à deux béquilles. Seule hic après la rachi, la morphine m'a bloquée pour uriner. La situation s'est débloquée dans la soirée. J'ai même réussi à aller aux toilettes seule ! Pour la deuxième prothèse, une infirmière m'a conseillé d'aller faire pipi juste avant que le brancardier ne me descende au bloc. Ce que j'ai fait et le problème ne s'est pas reposé !
La nuit se passe sur le dos avec un coussin entre les deux jambes et ce coussin sera votre compagnon pour des nuits de folie pendant un mois ! Il vous empêchera de croiser vos jambes, ce que vous ne devrez plus faire pendant environ un mois également !
La nuit, je surélève également les talons, car je ne sais pas pourquoi, j'ai eu énormément mal dans les talons. Mon chirurgien, qui s'est lui même fait opérer des hanches, a d'ailleurs eu le même problème. Je crois qu'en réflexologie plantaire, les talons sont reliés au bassin. Est-ce lié ? Car en tout cas, ce n'est pas dû au fait d'être alitée, car j'ai tout de suite rebougé !
A part cela, les douleurs post opératoires ont été largement supportables. C'est plutôt un inconfort où l'on sent qu'il s'est passé des choses dans notre membre, dans notre corps. Je n'ai pris des anti-douleurs que deux jours.
De retour à la maison, je vous conseille de prévoir dormir seul et de vous faire seconder les 15 premiers jours. Il est certes tout à fait possible de monter les escaliers avec les deux béquilles, mais il n'est pas aisé de faire les tâches ménagères avec deux béquilles. C'est pourquoi pour la deuxième opération, je ne suis pas rentrée chez moi, mais ai passé 15 jours chez mes parents. Je n'ai ainsi pas accumulé de fatigue comme pour la première où je devais en faire trop pour satisfaire la petite famille...
Il y a des injections d'anticoagulants à réaliser tous les jours pendant 35 jours, des bas de contention à porter aussi longtemps. Une prise de sang pour contrôler les plaquettes est faite deux fois par semaine pendant 15 jours, puis 1 fois par semaine. Et le pansement est refait tous les deux ou trois jours pendant 15 jours.
Il y a également des consignes pour se coucher dans un lit, monter et descendre les escaliers, s'asseoir, se lever d'une chaise, monter et descendre dans une voiture, se chausser. Elles se pratiquent naturellement et disparaissent aussi naturellement lorsque l'aisance est revenue.
Je n'ai pas fait de kiné, mais j'ai marché, chaque jour un peu plus loin : dans la cour, puis le tour de la maison, puis dans la rue. La marche est lente au début, mais elle est la meilleure kiné avec d'autres exercices d'assouplissement donnés à l'hôpital. Il n'y a également pas le droit de conduire avant le feu vert du chirurgien que l'on revoit 40 à 45 jours après l'opération et qui teste la force musculaire récupérée. Car il est impressionnant de constater qu'en une heure d'opération, notre cuisse est toute flasque, notre jambe n'a plus de force ! Pour enfiler les baskets avec un chausse-pied, je devais forcer comme une malade !
A J3 de la première opération, je transportais ce dont j'avais besoin avec ce sac à dos en tissu fait main !
Ce qui est encourageant dans cette opération, c'est que les progrès se sentent de jour en jour. Je suis passée à une béquille au bout de 15 jours (opposée à la hanche opérée) et c'est sans canne que je me rends à la visite post-opératoire avec chauffeur !
La vie est tellement mieux avec une prothèse de hanche, que lors de la visite des 1 ans de la gauche, les radios montrant une hanche droite encore en plus mauvais état que ne l'était la gauche, nous programmons la deuxième intervention le 2 juin 2022. La hanche droite commençait à me faire mal puisqu'elle n'arrivait plus à suivre tout ce que je pouvais faire avec ma prothèse gauche ! Ceci dit, bien que très abîmée également, elle ne m'aura jamais fait autant souffrir que la gauche.
Je ne vous cache pas que ça m'a fait quand même fait un effet kiss cool de découvrir ma radio sur l'écran de l'ordinateur du chirurgien avec les deux prothèses de hanche de chaque côté de mon petit bassin !
Vidéo : A J1 de la première prothèse de hanche !
Vidéo : A 1 mois de la deuxième prothèse de hanche ! On distingue encore une boiterie à droite !
Cette opération nécessite trois mois d'arrêt. Ayant la chance de récupérer assez facilement et mettant également beaucoup de volonté à reprendre une vie normale (sûrement dû à mon jeune âge), j'ai pu reprendre à mi-temps au bout de deux mois.
Nous sommes le 30 juillet 2022 lorsque j'écris cet article. Cela ne fait pas encore deux mois que j'ai ma 2eme prothèse de hanche, mais je remarche 1 h quotidiennement, fais du vélo, vais à la piscine, jardine, conduis et ai réussi à pratiquer une séance de yoga ! J'ai même dansé jusqu'au bout de la nuit, mais chut !
Autant vous dire que si c'était à refaire, je le referais ! Je revis ! J'ai retrouvé mon équilibre avec mes deux prothèses de hanche ! J'espère juste qu'elles dureront aussi longtemps que moi, car il faut reconnaître que les 15 premiers jours sont raides, mais c'est pour être tellement mieux après !
Esthétiquement, voici à quoi ressemble mes cicatrices à 2 mois (la 1ere) et à 1 ans et 3 mois (la 2eme) et . En maillot de bain, je n'ai jamais senti de regard se poser dessus. Vous remarquerez qu'on perd des fesses avec ce petit creux qui se dessine ! Mais on s'en fout !
J'espère qu'à travers le partage de mon expérience de femme bionique de l'intérieur, je vous ai aidé à appréhender sereinement votre opération de hanche et me tiens à votre disposition si vous avez des questions ! J'en profite pour remercier le Dr Pem et son équipe sur le CHIHC de Pontarlier pour leur professionnalisme, malgré les conditions d'exercice qui se sont dégradées entre les deux interventions...
Aujourd'hui, grâce à ces 2 prothèses, j'ai le sentiment que plus rien ne pourra m'empêcher d'avancer !
Prenez soin de vous !
Magalie